Entrée Lexique des dialectes du Nord de Madagascar
Partie du discours nom propre (titre de livre)
Sous-titre Tankaraña, Sakalava, Tsimihety, Betsimisaraka, Saint-Marien
Auteur David (R.P.); Irrigaray (R.P.)
Editions 
Copyright ZOMARÉ
Vocabulaire 
Description Lexique originally mis sur le web par ZOMARÉ et reproduit avec permission ici, sous le titre: Lexique des dialectes du Nord (Zomare).

INTRODUCTION

Le lexique publié ici résulte de la compilation de quatre travaux différents, tous dus à des Missionnaires et 5 séminaristes catholiques du Nord de Madagascar :
1. un fascicule polycopié de 52 pages intitulé simplement Lexique des mots usuels (dialectes betsimisaraka, antankaraña, sihanaka, tsimihety), sans nom d'auteur, mais dont la dernière page porte les indications suivantes : « Ce lexique a été commencé, à Andapa, par le P. David. Y ont collaboré le R.P. Bernard, le P. Dijoux, le P. Anglade, la Frère Albert Tsiahoana et le P. François capucin de Bemanevika pour le Sakalave.
Tous les Pères sont invités a y apporter leur contribution, car ce travail-ci n'est qu'un essai. Joffreville, en la fête de la S. Trinité, 8 juin 1952. H.J. » Ces initiales sont celles du Père H. Jouan, qui assura à Joffreville, de 1947 à 1957 la publication d'un Bulletin Mensuel du Vicariat Apostolique (puis : du Diocèse de Diégo-Suarez), polycopié avec des moyens très rudimentaires à partir de stencils manuscrits de sa main, et qui était envoyé aux membres du clergé. Le numéro 45 de ce bulletin (juillet 52) contient cette annonce (pp. 171-172 ) : « Il a été envoyé en juin, à chaque confrère, un petit lexique, sur les dialectes du Nord de l'île. (…) Sur la demande du P. David, il sera ajouté de temps en temps une feuille volante, selon la quantité de matières fournies par les Confrères. Ceux-ci voudront bien envoyer au Secrétariat le fruit de leur savoir et de leur expérience. Ainsi ils noteront 1°) les mots absents du vocabulaire ; il ne s'agit que des mots du terroir ; 2°) les diverses significations avec les nuances de pensée ; 3°) les synonymes, les contraires ; 4°) l'accent ; 5°) les expressions courantes. Ils pourront y joindre les coutumes particulières à leur contrée, les traditions, les légendes du folklore. » A notre connaissance, trois suppléments de chacun quatre pages ont été effectivement publiés : une Feuille spéciale (Frère A. Tsiahoana) en octobre 1952, une Feuille n°2 en février 1953, et une Feuille n° 3 (Frère Raymond) en octobre 1953. En outre quelques textes sur les coutumes ou le folklore ont été insérés de temps à autre dans les numéros suivants du Bulletin (note).
2. Un cahier manuscrit de 177 feuillets intitulé 4 juillet 1953. Le dictionnaire malgache de Malzac traduit en antankarana b.c.p. de fautes d'orthographe (sic), sans nom d'auteur, mais attribuable au P.J. Irrigaray, et rédigé à Ambilobe. Il s'agit d'un cahier d'étude de vocabulaire, établi selon l'ordre des articles du Dictionnaire malgache-français de A. Abinal et V. Malzac (feuillets l-46 et 59-158 correspondant aux principaux articles de ady à motika, apparemment jamais continué au delà). S'y intercalent des notes sans rapport avec le Dictionnaire, mais utilisées par l'auteur pour son étude de la langue, notamment ff. 47-58 quatre textes de contes, et ff. 57-58 et 159-160 une liste de proverbes. Ce manuscrit nous a été communiqué par le Père M. Schrive qui l'a exhumé de la bibliothèque de la mission catholique de Joffreville.
3. Un autre cahier manuscrit de 195 pages, sans date, contenant des notes de plusieurs mains, mais dont la partie centrale (pp. 21-157) semble être le lexique original du Père David, qui a servi de base au document 1. De nombreuses notes y ont été ajoutées ultérieurement, notamment pp. 13-17 une liste de mots intitulée Du Père Crespel (Ste. Marie), et pp. 158-160 et 165-166 des listes de proverbes. Ce manuscrit a été retrouvé également à la mission catholique de Joffreville.
4. Un fascicule polycopié portant en couverture : Père Remi L'Hermite Lexique sakalava, 42 feuillets, s.l.n.d., mais qui a été rédigé à Majunga sans doute dans les années 1960.

Ces vocabulaires se proposaient uniquement d'être des outils pratiques pour les missionnaires qui les avaient rédigés, et pour leurs confrères. Ils n'ont aucune prétention scientifique. Le principe adopté est toujours celui de recenser les mots qu'on ne trouve pas dans le dictionnaire malgache le plus usuel, le Dictionnaire malgache-français de A. Abinal et V. Malzac, ou qu'on y trouve, mais avec un sens différent de celui qui est attesté dans les dialectes du Nord. C'est ce principe - excluant toute ambition de description systématique du lexique d'un dialecte - qui a été suivi par la plupart des vocabulaires régionaux publiés depuis l'Essai de Dictionnaire betsileo du Père H.-M. Dubois (Tananarive, Imprimerie Officielle, 1917, 2 vol.). De fait, étant donné la grande unité des dialectes malgaches, ce genre de travaux signalant seulement les différences d'un dialecte à un autre mieux connu suffisaient à remplir le but pragmatique qu'ils se proposaient, et ils ont rendu et continuent de rendre de grands services. C'est bien pourquoi nous avons cru utile d'éditer le présent Lexique.

Des quatre documents utilisés, 1 et 4 ont été multigraphiés, mais sont aujourd'hui introuvables, et 2 et 3 sont toujours restés manuscrits. Nous justifions notre décision de les compiler par le fait que les quatre documents sont en réalité dépendants les uns des autres : le manuscrit du Père David (3) a servi de source partielle au polycopié du Père Jouan (1), et peut-être au cahier d'étude du Père Irrigaray (2), mais il a été continué ensuite et comprend deux éléments qui ne sont pas repris par les successeurs. Quant au lexique du Père L'Hermite (4) il utilise celui du Père Jouan (1) et il est d'ailleurs le moins original des quatre. Tous enfin (sauf peut-être le cahier du Père Irrigaray, 3) sont sous l'influence du Dictionnaire malgache-français rédigé selon l'ordre des racines par les Missionnaires catholiques de Madagascar et adapté aux dialectes de toutes les provinces (Ile Bourbon, Etablissement malgache de N.-D. de la Ressource, 1853), connu comme « Dictionnaire Webber », dont certains articles ont été tirés. Nous ne les avons pourtant pas exclus, car il est parfois difficile de distinguer ce qui est repris du Webber et ce qui résulte d'une collecte originale.

Nous présenterons maintenant quelques remarques sur l'intérêt des renseignements fournis par le présent Lexique. Quelques mots sont particulièrement attribués à tel ou tel dialecte : antankaraña, sakalava, betsimisaraka, dialecte de l'île Sainte- Marie, tsimihety, ce dernier pauvrement représenté. Ces attributions n'ont pas été faites systématiquement par les rédacteurs. Le dialecte antankaraña est dans l'ensemble le mieux représenté (ce qui est bien explicable puisque deux des rédacteurs, les Pères Jouan et Irrigaray résidaient à Joffreville et à Ambilobe, en pays antankaraña). Comme il se trouve que les dialectes du Nord constituent du point de vue du lexique un ensemble assez cohérent, l'inconvénient n'est pas trop grave.

On trouvera des indications assez nombreuses sur le lexique d'origine bantu, avec des emprunts rarement recensés, tels que bandra, bandrabandra (swahili banda « hangar »), onga (swahili unga « farine ») ou piripity (nom d'une danse et d'un style musical introduits à Madagascar par les Makoa ou Makhuwa du Mozambique). Plus nombreux encore sont les emprunts à l'arabe, mais qui ont été transmis selon toute vraisemblance par l'intermédiaire du swahili et du comorien, ainsi bahary « mer » (de l'arabe), donia au sens de « réjouissances » (de l'arabe signifiant « ce bas monde » opposé à l'au-delà et à la spiritualité), jomola au sens de « en gros » (de l'arabe signifiant « tout entier »), moridy au sens de « Malgache qui suit les coutumes musulmanes » (de l'arabe * « disciple dans une confrérie mystique ». On remarquera ce que ces notations traduisent d'attention au phénomène de la conversion à l'Islam dans certaines régions (pays antankarana) chez nos rédacteurs missionnaires. Lorsqu'ils se risquent à des interprétations, ils ne sont par contre pas toujours heureux, ainsi lorsque la formule de salutation akory aly ? « comment allez-vous ? » est expliquée par alina « nuit » alors qu'il faut y voir un emprunt et un calque à l'arabe par l'intermédiaire du swahili (de l'arabe * swahili haligani ?, litt. « comment (ta) santé ? »). De même expliquer euà « oui » par eny ho aho est au mieux une étymologie populaire, alors qu'il faut y voir un emprunt au comorien ewa « oui », lui-même issu de l'arabe signifiant « par Dieu ! »). Dans le domaine de la religion traditionnelle, la moisson est assez pauvre ; on pourra néanmoins remarquer les acceptions recueillies pour le mot doany :« résidence royale » qui « désigne aussi la mer » - sans aucun doute parce que certains esprits des rois défunts sont censés résider dans l'océan. Ce glissement nous permet de comprendre pourquoi doany en vient dans les dialectes du Sud à désigner un phénomène de possession par des esprits de l'océan.

Du point de vue phonétique, il ne faut accepter qu'avec précaution les indications de nos rédacteurs. Certains avaient tendance à « mériniser » les mots qu'ils notaient. D'autre part l'instabilité du h en antankaraña et l'évolution en ô des groupes ao et oa ont amené beaucoup de confusions et d'hypercorrections dans le cahier du Père Irrigaray (document 2). Les conventions des rédacteurs n'étant pes toujours homogènes, nous avons cru pouvoir les ramener au système utilisé par le Département de Langue, Littérature et Civilisation malgache de l'Université de Madagascar, dont les points les plus notables sont l'usage de ô pour [o], ñ pour [?] (n vélaire) et pour [?]. La place de l'accent d'intensité n'est pas toujours indiquée. Nous l'avons parfois rétablie, quand cela nous a paru facile, mais pour certaines entrées nous avons préféré ne rien indiquer plutôt que de risquer une interprétation contestable.

Enfin, nous avons cru pouvoir conserver en annexe quelques textes, un chant, des contes et des proverbes recueillis par l'un ou l'autre des rédacteurs, et qui témoignent de leur intérêt pour la tradition orale des régions où ils travaillaient.

(Note) Voici la liste de ces articles :
« Histoire du Folklore d'Ambilobe : Ny Anjoaty », 59, août 1953, pp. 107-110 (en dialecte antankaraña avec traduction en merina par le P. DIJOUX).
Soeur JEAN du PRECIEUX SANG, « Coutumes d'Ambilobe ; chez les Antankaraña : fanapahagna fagnevan-tsaiky », 77, févr. 1955, pp. 23-25 (en dialecte antankaraña avec traduction en merina).
A. TSIAHOANA, « Scène de l'Orimbato chez les Betsimisaraka », 79, avril 1955, pp. 53-57 et 80, mai 1955, pp. 70-72.
F.J. HOARAU, « La vertu récompensée Rakotobe et Rasoa. Traduction d'un conte malgache », 81, juin 1955, pp. 93-95 ; 84, sept. 1955, pp. 138-139 ; 85, oct. 1955, p. 155 ; 86, nov. 1955, p. 170 et 87, déc. 1955, p. 183.
C. H. J. M. « Comment Salebo devint roi » 86, nov. 1955, pp. 170-171 et 87, déc. 1955, p. 184 (reproduit ici en annexe, pp. 253-255).
« Sainte-Marie ; ny sintaka na orim-bato », 106, juill. 57, pp. 189-110.
« Un conte malgache (d'un petit séminariste) », 97, oct. 1956,



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Mis à jour le 2023/02/21